Sophrologie et « Esprit du débutant »
Mon maitre japonais de kyudo, cet art martial issu du tir à l’arc guerrier, a souvent du mal à saisir notre besoin, à nous occidentaux, de tout comprendre, de tout expliquer, de tout analyser en permanence. Il nous invite alors à observer, pratiquer, expérimenter, pour toujours remettre en question nos acquis et sentir le mouvement, l’énergie dans notre corps. J’ai remarqué qu’il modifiait souvent un détail dans le geste, la position de la main, d’une épaule, un tout petit détail qui m’oblige à changer mon regard sur ce que je croyais pourtant maitriser… Est-ce pour m’inciter à toujours garder cet esprit de première fois ? Il n’y a pas d’objectif à atteindre, juste un chemin à parcourir dans la voie de l’arc comme dans tous les arts martiaux. J’avais pris cela tellement au pied de la lettre, qu’un jour mon maître, en souriant, m’a rappelé qu’il y avait tout de même une cible à viser ! Pour nos esprits occidentaux, souvent coupés de notre corps et nourris par des générations cartésiennes, cette approche n’a rien d’une évidence. C’est la pratique de la sophrologie qui m’a offert une première clé pour appréhender les ressorts de cet « esprit du débutant »!
La sophrologie nous invite à porter un regard neuf sur tout ce qui nous arrive.
La sophrologie nous incite en effet, à porter un regard neuf sur tous les phénomènes qui nous traversent pendant la pratique, et à continuer à cultiver cet « état d’être » à chaque instant de notre vie ! Un bel et ambitieux programme ! Ainsi, la pratique de la sophrologie débute par un temps d’observation sans jugement sur le monde qui nous entoure. Nous sommes invités à porter ce regard neuf sur ce qui se trouve autour de nous, sans chercher à analyser. Par exemple, si nous sommes dans une pièce, nous portons sur un objet, pourtant familier, le regard d’un enfant qui le découvrirait pour la première fois. Si nous sommes à l’extérieur, ce n’est pas un arbre que nous regardons avec la connaissance que nous en avons, mais nous sommes juste présents à l’arbre, corporellement… Comme un enfant qui découvre pour la première fois, qui ressent dans son corps ce besoin d’aller toucher, d’être au contact, d’expérimenter physiquement. Cette pratique de l’esprit du débutant nous permet de redécouvrir cette capacité d’émerveillement, instant après un instant, que nous avons souvent perdu. La première fois, je vous avoue que c’est assez étrange comme proposition ! Mais peu à peu, en s’exerçant, nous faisons l’expérience de cette relation nouvelle à notre environnement, de cette qualité d’ouverture de notre être tout entier, sans a priori et sans chercher à comprendre.
La pratique de la sophrologie invite à accueillir simplement tous les phénomènes du moment.
La pratique de la sophrologie, par des exercices de lecture du corps, de centrage, d’équilibre, de respiration, d’activation de l’énergie, de libération des tensions… nous invite d’abord à ressentir pleinement notre corps. Nous apprenons à affiner notre perception de toutes les sensations corporelles et à les accueillir sans conditions, qu’elles soient confortables ou inconfortables. Cette posture d’accueil, totalement ouverte à l’expérience, nous permet d’établir une relation nouvelle et amicale à notre corps, de cesser la lutte ! Par exemple, si vous souffrez de douleurs chroniques, vous apprenez dans la pratique à accueillir cette douleur comme si c’était la première fois, pour vous apercevoir peu à peu que vous n’êtes pas tout entier cette douleur. Autre exemple, une émotion inconfortable, loin de la rejeter, dans la pratique de la sophrologie, vous lui laissez au contraire de la place, vous l’embrassez pleinement, vous observez comment cette émotion se déplace dans votre corps. Cette rencontre corporelle permet de cesser les ruminations et autres projections mentales pour retrouver un esprit clair, et envisager à l’issue de la pratique, une action juste, en accord avec ses valeurs.
La pratique de la sophrologie permet de vivre plus librement.
En cultivant cet esprit du débutant instant après instant, ce regard neuf sur ce qui est important pour nous, la pratique de la sophrologie nous débarrasse peu à peu de nos croyances, de nos certitudes, de notre carcan ! La pratique de la sophrologie nous invite à oser expérimenter, à nous autoriser à faire ce qui est juste pour nous. Par exemple, oser s’asseoir pendant une pratique parce que nous en éprouvons simplement le besoin, alors que le sophrologue reste debout, ou encore, passer de la recherche de la performance (est-ce que j’ai bien fait là ?) à accepter d’être simplement dans l’expérience, en lâchant les notions de bien ou de mal. Cela vous semble peut-être anodin, mais c’est un premier pas énorme vers une vie plus libre ! En s’affranchissant des consignes, nous apprenons à écouter nos besoins fondamentaux et nos valeurs existentielles, et à agir avec respect pour nous et pour les autres, avec justesse et équilibre.
La sophrologie n’est pas seulement une simple pratique de relaxation pour vous détendre le temps d’une séance mais son projet est beaucoup plus vaste. L’aventure est belle et le chemin infini !
Contact : carine.rocchesani@c2r-sophrologie.com