Sophrologie et équitation : une nouvelle relation entre le cavalier et son cheval !
Une rencontre pleine de sens :
Quand je vois mon vieux cheval galoper dans sa prairie, je vois aussi tout le chemin parcouru ensemble ! Je l’ai vu pour la première fois il y a un peu plus de 25 ans. Un maquignon venait de le déposer, dans le club ou je montais à l’époque, après un long voyage depuis le sud de l’Espagne. J’ai encore en tête l’image de sa silhouette fragile à peine visible dans la pénombre de son box. J’ai su que c’était lui comme une évidence. Il était pourtant famélique avec ses grands yeux terrifiés, et je me suis dit « tu ne ressembles vraiment à rien toi ! ». c’est vrai qu’il ne correspondait pas aux canons de beauté équin que j’avais en tête, comme un grand et fort cheval noir à la longue crinière luisante ! C’était un peu tout l’inverse en fait, et c’était le début d’une longue histoire !
A l’époque, j’étais dans un moment un peu délicat de ma vie, entre déception de cœur et tournant professionnel, j’avais grandement besoin d’opérer un virage radical. La rencontre avec, ce qui allait devenir, le cheval de ma vie, est arrivé au bon moment ! Quand je me suis posée dans un coin de son box, après de longues minutes sans bouger, osant à peine respirer, il a enfin tourné sa tête vers moi, a fait un pas dans ma direction, un premier lien venait de s’établir… Mon cœur battait à toute vitesse sous le coup de l’émotion… Il avait à peine un an, encore un bébé… avec sa petite tête, ses beaux yeux et ses longs cils noirs, son pelage encore roux qui allait devenir gris avec le temps. Il fallait lui trouver un nom commençant par un H, ce fut « Hamour » ! Rien que ça !
Cette rencontre a structuré les années qui allaient suivre : habituation au licol et à ma présence, puis dressage à pied pendant de longs mois, première balade en longues rênes, avant de pouvoir grimper sur son dos, devenu suffisamment solide pour me porter. Une leçon de patience et d’écoute pour décrypter et anticiper les réactions, parfois très vives, de mon nouveau compagnon de route. Les autres cavaliers l’appelaient le « tapis volant » pour sa propension à détaler à la moindre alerte. Je me souviens de la joie des premières promenades dans les chemins du Loir-et-Cher. Une fois sur son dos, j’oubliais mes peurs et mes colères, entièrement concentrée sur les ressentis de mon cheval. Avec le recul, je crois qu’à l’époque, c’était peut-être les seuls moments où je vivais pleinement l’instant présent, avec une grande qualité de présence à moi, à mon cheval et à l’environnement. J’étais à la fois détendue, enfin le plus souvent possible, mais prête à réagir si besoin : ce que j’appellerai aujourd’hui la « juste tension » ! C’est avec lui que j’ai appris à reconnaître corporellement mes émotions, à entendre mon cœur battre et accélérer dans certaine situation d’urgence. J’ai aussi compris que ma respiration avait une grande influence sur mon état de tension corporelle : avec la respiration profonde abdominale j’ai ainsi appris à retrouver rapidement mon calme. L’équitation et surtout la relation très particulière avec mon cheval, m’ont ainsi donné intuitivement les premières clés que j’ai ensuite revisité en devenant sophrologue. Avec lui, j’ai touché mes limites, découvert la confiance et vaincu certaines peurs.
Mon cheval a ainsi été mon premier guide sur le chemin d’une vie plus harmonieuse et épanouie.
Cheval et sophrologie : apprendre à ressentir son corps et à reconnaître ses émotions.
Quand le cheval et son cavalier sont intimement liés, presque fusionnels, les deux corps ne font plus qu’un et une sensation d’harmonie en découle. Si le cheval perçoit un danger potentiel, le cavalier le ressent au même moment, par une information corporelle, une tension, un mouvement parfois à peine perceptible et peut ainsi se préparer à une réaction plus brutale de sa monture. Et inversement, si le cavalier perçoit ou anticipe un danger, son cheval capte l’information immédiatement. Le cheval a naturellement cette ultra sensibilité le renseignant sur son environnement, une question de survie pour son espèce. Au moindre danger perçu, son premier réflexe est la fuite. Le cheval percevra ainsi immédiatement l’état émotionnel de son cavalier et modifiera son comportement en fonction. Les jours ou je me sentais en colère, j’ai remarqué que mon cheval était particulièrement réactif, faisant des écarts au moindre bruissement de feuilles ! Les jours ou au contraire, j’étais calme, mon cheval était lui aussi beaucoup plus détendu, son pas plus ample et régulier. Dans cet état de détente, même si mon cheval faisait un écart soudain, mon corps suivait plus souplement le mouvement, et le retour au calme était instantané. Si la sophrologie apprend à détecter son état émotionnel en se connectant à ses sensations corporelles, le cheval est aussi un excellent révélateur. Avec lui, pas de tricherie, le cheval est un véritable miroir émotionnel !
Pratiquer la sophrologie et l’équitation :
- 1ère étape : Observer son cheval avec un regard de « première fois » en lui portant une attention toute particulière ! Souvent avec les années de pratique, la préparation de sa monture se fait en mode automatique, et nous passons ainsi à côté d’informations précieuses. Faites donc l’expérience de prendre le temps de l’observer vraiment, de le regarder évoluer dans son pré, ou dans son box. Regarder son attitude, la couleur de sa robe, la luisance de ses crins avec un regard de première fois et se poser la question : qu’est-ce que je ressens maintenant dans mon corps ? et sans jugement se connecter quelques instants à ses propres sensations.
- 2ème étape : Panser et préparer son cheval avec tous ses sens ! Tout en continuant à observer son cheval, prenez le temps de sentir son odeur si familière, toucher son pelage, passer ses doigts dans ses crins et en même temps, observer sa propre respiration et sa qualité d’ancrage : l’équilibre du corps réparti sur les deux pieds écartés de la largeur des hanches, le dos droit, la poitrine ouverte, les épaules détendues, la tête dans l’axe de la colonne vertébrale. Un bel ancrage, une posture droite et sans tension, une respiration ample et régulière, sont autant d’informations perçues par le cheval synonyme de « tout va bien »!
- 3ème étape : Monter en prenant conscience des sensations et du lien profond qui vous unit à votre cheval. Au pas, le bassin bien posé, vous gardez le dos et la tête dans l’axe, fermes mais sans tensions inutiles. Si les circonstances le permettent, fermez les yeux quelques instants pour ressentir davantage les mouvements du cheval dans votre bassin et votre corps tout entier, son rythme, son odeur, sa chaleur… Vous sentirez peut-être naître un sentiment d’unité et de confiance, restez juste présent à ce qui vous traverse dans ce moment. Prenez une plus grande inspiration, retenez l’air un instant et contractez légèrement tous les muscles du corps. Puis, sur une expiration profonde, relâchez vos muscles en gardant la juste tension nécessaire au maintien de la posture. Restez quelques instants dans cette qualité de présence à vous-même et à votre cheval, une présence vigile et sans tension. Une présence que vous pouvez cultiver au fil de vos séances à pied ou à cheval !
- 4ème étape : gratitude ! Après ce moment de connexion, prenez le temps de remercier votre cheval, formulez un remerciement sincère pour ce moment partagé. Si vous le souhaitez, prenez le temps d’ancrer ce moment dans votre mémoire avec vos cinq sens : fermez les yeux, sentez votre corps debout à côté de votre cheval, votre verticalité, votre équilibre, et en même temps, sa présence, sa respiration, son odeur, la douceur de son pelage, peut-être le gout de l’air, ouvrez les yeux et laissez-vous pénétrer pas la lumière du moment. Cette évocation positive, profondément satisfaisante, sera toujours disponible dans les moments difficiles de votre vie. Elle vous permettra de retrouver un esprit clair pour vous mettre sereinement en action en toutes circonstances !
Contact : carine.rocchesani@c2r-sophrologie.com